wes kaneko

(one) la force des kaneko, c'est une histoire qui remonte aux années quarante. celle d'un gamin né sur le territoire américain lui valant le statut de nisei contraint à suivre ses parents caractérisés d'issei par crainte d'une quelconque rébellion. un gamin qui a passé trois de ses années les plus fatidiques à son éveil dans un camp d'internement - le heart moutain relocation center, wyoming. trois années sous la souscription militaire qui par la contrainte a fait naître une vocation qui se transmet de père en fils. être soldat pour une patrie qui peine à les considérer comme des leurs avec la conviction portée par un espoir d'être considéré. cette histoire, wes l'a mainte fois écouté de la bouche de celui qui l'a vécu - son grand-père. il s'est bercé de ce qui ressemble à une horreur passée, mais qu'il a toujours considéré comme une démonstration de valeurs qu'il tient à préserver. (two) douce a été son enfance parsemée des angoisses de l'absence de son père. des mois à faire semblant, vivre dans la crainte d'une nouvelle mortifère. wes a très vite compris à quel point la vie peut être précieuse quand au détour d'une mission un des êtres qui lui sont le plus chers pouvait lui être enlevé. c'est sans doute par besoin de soulager les crises nerveuses de sa mère qu'il s'est tenu à carreau - désireux de ne pas être un fardeau. fils à maman, ce n'est pas tant les absences de sont pères qui les ont rapprochés, mais ce même amour des connaissances dont ils n'avaient tous deux jamais assez. sa mère est pour wes une perle qu'on ne peut toucher et il ne s'en est jamais caché. elle est un repère, une conseillère, une épaule sur laquelle se reposer. une âme pleine de tendresse aux élans d'amour prononcés. (three) puis le coup de fil, celui tant redouté. ça aurait pu être pire qu'on leur a dit et pourtant c'est l'horreur peinte sur les traits du visage de sa mère qui lui a fait comprendre la gravité de la situation. blessé de guerre, un statut que peu envient puisqu'il n'y a que ceux qui finissent six pieds sous terre qui puissent regretter cette vie. celle d'un assisté, d'un éclopé, que seule sa force d'esprit lui a permis de surmonter. wes, il n'en devient que plus fier d'être un kaneko, la pression en plus de se hisser à la hauteur de son héros. (four) depuis tout petit wes a montré un intérêt certain pour l'histoire et l'art. une passion qui a, au fil des années, pris de plus en plus de place. entre les lectures sous la couette et les visites culturelles, il s'est pris d'amour pour les vestiges du passé quand, à son âge, les enfants peinaient à se focaliser sur le présent. et c'est sa popularité qui en a pris un coup, incapable de partager les mêmes centres d'intérêt que ses camarades, préférant parfois même s'isoler au fond de la cours de recrée pour dévorer son livre de chevet. il aurait pu se laisser malmener, wes, il a un temps préféré les laisser parler. mais c'est qu'il a toujours eu la langue acérée et le caractère bien trempé - alors il s'est rebellé et on a cessé de l'embêter. avec le temps il a appris être moins excessif, à ne pas constamment porter la veste du monsieur je-sais-tout. puis c'est finalement son petit côté créatif et savant qui est devenu son meilleur atout. (five) il a mis du temps à l'annoncer à ses parents, ce désir de se lancer dans des études dans l'optique de faire de sa passion une carrière. c'est que wes, il a toujours ressenti sur ses épaules le poids des hommes arrivés avant lui - cette tradition tacite d'être militaire de père en fils. une pression infondée qu'il s'est lui même infligé quand c'est avec fierté qu'ils l'ont encouragé. un départ difficile pour ce gosse attaché à ses racines. des années passées loin de sa nouvelle-orléans bien aimée, il s'est forgé le caractère lors de son cursus universitaire. de ses études ce sont les stages qui l'ont le plus fasciné le confortant encore un peu plus dans la voix qu'il a décidé d'emprunter. dernière année et une chance qu'il ne pouvait refuser - c'est au new orleans museum of arts qu'il a fini de se former et un retour au bercail qui lui a fait dire que c'était ici qu'il se devait de rester. (six) un stage décisif qui s'est soldé en une offre d'emploi - à peine diplômé qu'il voit sa carrière débuter. c'est qu'il est minutieux, wes, rigoureux à l'amour du travail bien fait. c'est qu'il dépose son coeur entre ses mains lorsqu'il traite les oeuvres avec grand soin. une délicatesse particulière et cette passion qu'il répand où qu'il soit. il se sait chanceux, wes, quand ses journées passent sans qu'il les voit filer, quand chaque matin il s'éveille avec la hâte de travailler. (seven) c'est dans ce lieu si cher à son coeur qu'il l'a rencontré, cassie. cette nouvelle employée à la timidité qui en un rien de temps a su le charmer. il ne saurait dire pourquoi il s'est senti le besoin de la guider, de l'épauler, à lui faire découvrir son monde qui, d'une certaine manière était le sien. une passion commune qui naturellement les à rapprocher. wes, il s'est rarement laissé aller, le myocarde trop occupé par ses oeuvres pour qu'une personne puisse en détenir la clé. mais elle lui semblait si différente, cassie, qu'il s'est vite, trop vite, emporté. c'est que wes n'a connu de l'amour que des éphémérides sans grandes importances et qu'avec elle il se laissait porter par la certitude d'un avenir à deux. une belle illusion qui s'est fracassée le jour où il a pris conscience que dans son coeur il n'était pas l'être aimé. bien moins investie, cassie, bien moins attachée. et c'est la rancoeur, l'amertume, d'avoir été aveuglé qui l'a poussé à autant la malmener. une tension palpable pour tous, des piques lancés en veux tu en voilà. la vérité c'est que toutes ces années il n'a fait que se voiler la face - wes accroché à ce qu'ils n'auront pas pu vivre ensemble et cette complicité évidente pour tout le monde, sauf pour eux. (eight) le destin s'est acharné et le diagnostic est tombé. cancer du sein et un instant elle a vu toute sa vie défiler. sa mère, son intouchable, au bord d'un précipice sans qu'il ne puisse faire quoi que ce soit pour y remédier. c'est face à l'une de ses plus grandes peurs, celle de perdre un être cher, que wes s'est révélé. il a chamboulé son existence entière rien que pour être à ses côtés. sa passion passée en second, c'est auprès de sa mère qu'il passait la plupart de ses journées, la main toujours ferme quand elle demandait à la serrer. elle s'est montrée forte à l'image de ce que représente cette famille, elle s'est battue avec le sourire tendre de ceux qui ont bien vécu. malgré les coups de blues, malgré les difficultés elle n'a jamais baissé les bras parce qu'eux ne l'ont jamais lâché. aujourd'hui en rémission, elle se laisse porter par un avenir incertain, désirant simplement profiter des siens. (nine) dans cette tourmente wes s'est endetté. sa mère incapable de travailler et son père depuis longtemps arrêté c'est lui qui s'est imposé et qui a assumer tous les frais. les soins, les courses, il s'est plié en quatre pour leur apporter ce dont il avait besoin. et très vite son salaire n'a plus suffit. à vrai dire l'argent lui importait et lui importe toujours peu - surtout lorsque la santé des siens est en jeu. toute son enfance il a vécu au crochet de ses parents et même si d'une certaine manière c'est un devoir qu'il n'a jamais été contraint de leur rendre, c'est tout naturellement qu'il leur apporter son soutien. même s'il s'est certains moins retrouvés dans le pétrin. (ten) endetté, wes ne pouvait plus assumé son appartement et c'est comme ça qu'il s'est retrouvé à vivre en colocation. une première pour celui qui a toujours été seule même en chambre universitaire. si les débuts ont été difficiles, il ne peut désormais plus se séparer de ceux qui sont devenus comme sa deuxième famille. et maintenant qu'il pourrait se reprendre son propre chez soi, maintenant que ses finances retrouvent un semblant d'équilibre, il est incapable de se voir vivre ailleurs qu'avec eux. eux et leur grain de folie, eux et leur comportement excessif, eux et leurs qualités, eux et leurs défauts.