kaz & josie

la tête dans ses pensées, josie venait de terminer l’un de ses cours de criminologie. ce qu’elle avait étudié aujourd’hui l’avait quelque peu bouleversé. le sujet du jour : séquestration et viol. la réaction fascinait des autres étudiants ne lui avait pas plu. il n’y avait rien de fascinant dans cette cruauté. son coeur lourd, elle avait été l’une des premières à quitter le cours. quelle idée d’avoir choisi cette spécialisation et pourtant, elle en avait besoin. tendue et anxieuse, elle se retourne vers l'étudiant qui sort tout juste du bâtiment. avec sa chevelure blonde et son visage d'ange elle le reconnait. ce garçon qu'elle a croisé à une soirée, à qui elle a parlé, un garçon anodin qui pourtant a suscité un intérêt particulier pour la jeune femme sans qu'elle ne parvienne à comprendre ce sentiment agréable qui lui parcourt les pensées. « KAZ C'EST ÇA ? TU TE SOUVIENS DE MOI ? PENSES-TU QU’IL Y AURAIT MOYEN QUE TU ME DÉPANNES UNE CLOPE ? » elle ne fumait pas josie. voire jamais. mais aujourd’hui, elle en ressentait le besoin. elle n’avait pas envie de pleurer à cause des souvenirs qui étaient remontés à la surface ces deux dernières heures mais elle avait la rage. une rage qu’elle décida de calmer en consumant une clope. le temps de la consommation de son calumet, elle regarde attentivement ce jeune homme qui picote sa curiosité. il était beau et un brin ténébreux, avec son regard cerné, ses pupilles profondes et sa moue insolente. si davy se trouvait dans les parages, pas sûr qu'il soit convaincu que ce jeune homme était une bonne fréquentation pour la jeune femme. d'autant plus qu'il lui offrait une clope. mais josie, étrangement, elle a l'impression que cet homme ne lui fera jamais rien. elle le sent, elle le voit, elle se sent déjà en sécurité alors qu'elle ne le connait ni d'adam ni d'eve.

il traîne pas souvent dans ce coin du campus, kaz, c'est généralement plus dans l'aile fairchild qu'on peut le croiser. mais pour les besoins de son nouveau projet il se devait de s'informer sur la manière de fabriquer de la fumée. petit cours improvisé avec une connaissance croisée en soirée, la demoiselle lui a gentiment offert ses services contre la promesse de se retrouver autour d'un verre. une opportunité qu'il ne pouvait pas refuser alors que le temps joue en sa défaveur. kaz, il est à cran en ce moment parce que tout ne se déroule pas comme il l'avait prévu, que des complications étaient venues contrariés ses plans. c'est déterminé à tracer sa route pour se pencher quelques heures sur son scénario qu'il s'extirpe du bâtiment alors qu'une douce voix vient le sortir de ses pensées. puis ce visage séraphin qui fait manquer à son palpitant un battement. josie. sans doute qu'il a l'air idiot à s'arrête aussi subitement dans son avancée, que le sourire qui s'affiche en coin sur ses lèvres trahit l'agréable sentiment de la revoir. parce qu'elle se souvient de son prénom, autant que lui se souvient de chaque instant passé avec elle. elle est unique, josie, plus que ce qu'elle ne le saura jamais. tout comme elle ignore que jamais il ne pourra effacer leur rencontre de sa mémoire. pas celle dont elle se souvient, pas celle lors de cette soirée. mais bien le souvenir de ce jour où il lui a permis de s'échapper. c'est bien ça, josie. confession toute en finesse de son souvenir d'elle. kaz, il sort de sa poche le paquet de cigarettes à moitié éclaté avant de le lui tendre pour qu'elle se serve. d'un geste habile il vient allumer la clope qu'elle tient sur ses lèvres et fait de mettre avec celle qu'il porte aux siennes. et le silence qui s'installe alors qu'ils se toisent les iris plongés dans ceux de l'autres. un moment qui aurait pu être malaisant s'il ne cherchait pas à y lire le fond de ses pensées. c'est un objet volant non identifié passant devant eux qui le pousse à rompre le contact visuel. puis un énergumène perdu dans un délire pokémon fait irruption. kaz, il comprend rien à ce qu'il se passe durant les quelques secondes que durent la conversation. entre la phrase destinée à josie et la chute spectaculaire précédant ce prénom inconnu lancé à l'envolée, ce regard plongé droit dans sa direction. il a à peine le temps de réagir, seulement de le toiser avec surprise et incompréhension, qu'il disparaît de son champs de vision. sourcils froncés, il tire sur sa clope tout en l'observant s'éloigner. tu le connais ? question posée avec nonchalance, kaz il a juste envie de l'entendre parler. attirer son attention pour ne pas la voir s'évaporer.

elle est comme perdue dans les traits de son visage. ces pommettes délicieusement voluptueuses, des lèvres doucereuses qui l’appelaient sans qu’elle ne comprenne réellement pourquoi. la gamine était déboussolée par l’aura de ce garçon. il y a cinq ans, jamais elle ne se serait laissée tenter par quelques minutes aux côtés de cet homme aux allures de voyou. aujourd’hui, elle en ressentait presque le besoin. elle avait l’impression de le connaître et pourtant ils ne s’étaient vu qu’une fois. sa voix est douce et rauque comme s’il lui susurrait les mots à l’oreille. elle frissonne. « QUE FAIS-TU ICI ? » elle l’interroge, après tout elle ne connait rien de lui. elle a envie de savoir, il l’intrigue. il titille sa curiosité avec son regard plein de poésie. leur échange visuel est vite interrompu par l’arriver d’un individu déguisé. encore un pokémon... qu’avaient-ils tous avec ces petits monstres imaginaires. heureusement qu’elle n’avait pas eu à faire cela pour son bizutage. elle rit légèrement lorsqu’il se fracasse la figure. elle espérait qu’il n’ait rien de cassé mais elle n’a pas le temps de lui demander qu’il s’éclipse déjà. kaz la regarde, étonné par l’intervention de l’étudiant et l’interroge. elle sourit à sa question. remarquant alors le ton employé comme s’il aimerait qu’elle lui réponde négativement. elle ne savait pas trop pourquoi elle avait cette impression, sans doute elle se jouait des films mais tout dans son comportement semblait traduire une possessivité inédite. étrangement, josie ça lui plaisait. « JE L’AI APERÇU À PLUSIEURS REPRISES PAR ICI MAIS C’EST TOUT ? ET TOI ? POURQUOI T’A-T-IL APPELÉ MAHÉ ? » l’inconnu avait clairement montré un intérêt particulier à kaz comme s’il le connaissait. d’un coup sans s’y attendre, josie sent une goutte d’eau dévalait sur son visage. une puis deux, puis c’est tout une pluie qui s’écrase sur le campus de columbia. kaz et josie sont pris au piège. dans la rapidité, elle lui attrape la main et l’amène avec lui, derrière un mur couvert de quelques centimètres. ils étaient à l’étroit mais au moins ils étaient à l’abri. elle ne s’arrêtait pas, la pluie, alors josie elle en profite. « ALORS KAZ, PARLE MOI DE TOI, QUE FAIS-TU DANS LA VIE ? » le sourire facile face à lui, josie avait envie de le découvrir.

kaz, il ne s'attendait pas à une telle rencontre en se pointant à columbia. il pensait simplement venir chercher ce dont il avait besoin puis tracer sa route sans se retourner. mais elle est là josie, elle a croisé son chemin et, même s'il n'en comprend pas totalement les raisons, il en vient à oublier tout ce qui l'attend de l'autre côté de la ville. j'avais un truc à récupérer. kaz, il a à peine le temps d'en dire plus que quelqu'un fait irruption devant eux affublé d'un accoutrement ridicule. aucun doute quant au fait que le bizutage soit la raison de son comportement. après avoir réalisé un vol plané et planté la graine d'une légère tension, il s'évapore sans un regard en arrière, la honte sûrement de s'être ramassé en beauté. et kaz, ça l'intrigue qu'il connaisse le prénom de josie, presque tout autant que le fait qu'il se soit tourné vers en l'appelant mahé. le ton est un peu plus direct que ce qu'il aurait aimé, trahissant par la même occasion une forme de jalousie qui ne devrait pas exister. parce qu'il n'a aucun droit sur elle, que ce sentiment de frustration à l'idée qu'elle soit liée à d'autres n'a aucun sens. et pourtant y a une sorte de satisfaction qui détend les traits de son visage quand elle lui répond ne pas le connaître. première fois que je le vois et j'en ai aucune idée. il a du me prendre pour quelqu'un d'autre. ce qui ne lui est jusqu'ici jamais arrivé. et ça pourrait lui torturer l'esprit s'il n'avait pas été concentré sur celle qui se tient en face de lui. kaz, il se moque bien de ce type de passage parce que tous ses sens sont dirigés vers josie. josie et tout ce qu'il ne lui a jamais dit. il est perdu dans ses pensées qu'il a si longtemps remué quand la pluie les prend de court. presque autant que josie dont les phalanges se resserrent autour de sa paume pour l'entraîner quelques mètres plus lui. kaz, il est surpris par cet élan, agréablement surpris qu'elle se sente suffisamment à l'aise pour loger sa main dans la sienne, suffisamment intéressée pour ne pas en profiter pour s'extirper. à l'étroit sous leur abris de fortune, kaz s'apprête à tirer une nouvelle fois sur sa cigarette avant de se rendre compte que celle-ci est trempée. c'est une nouvelle qu'il se sert tout en en offrant une à josie si elle désire. il fronce instinctivement les sourcils, kaz, parce qu'il a pas pour habitude de parler de lui. parce qu'il a jamais trop aimé se livrer sur son intimité. parce qu'il sait que certaines choses doivent restées cachées. je paie des cigarettes aux belles demoiselles. sourire taquin sur les lèvres, il lâche un petit rire pour marquer sa plaisanterie. rien de bien intéressant de dehors de mes films. je suis en deuxième année là, de cinématographie. un coup de chance ou coup de pouce du destin. léger haussement d'épaules quand il mentionne pourtant ce qui a basculé sa vie. kaz, il était voué à l'échec s'il n'avait pas saisi l'opportunité de développer sa passion. et le reste du temps je le partage entre mes potes et ma famille. et les deals qu'il ne mentionne pas, jamais. ce serait risquer sa place à columbia, risquer d'en payer le prix. mais surtout ce serait se rapprocher de ce qu'il ne saurait jamais lui avouer. et toi ? tu fais des études scientifiques, c'est ça ? simple déduction de la bâtisse qui se trouve derrière eux. et kaz, il se retient d'en formuler d'autres des questions, alors que ses lèvres brûlent de les poser quand il veut tout savoir de celle qui, malgré lui, hante ses pensées.

la pluie se mêla au méli-mélo sentimental de cette rencontre incongrue. kaz avait cette aura agréable qui se dégageait de lui et que la gamine ressentait. c’était la deuxième fois qu’elle le rencontrait et la sensation était semblable. il avait dans sa beauté quelque chose de rassurant. josie se perdait dans la contemplation de ce garçon inconnu. des yeux bleus dans lesquels on se noie volontairement, des fossettes délicates où l’on veut déposer un baiser, un nez légèrement courbé qu’on toucherait bien du bout de la pulpe des doigts et de fines lèvres qui venaient tirer ses traits angéliques pour lui donner cet aspect d’homme. c’était un beau garçon. josie, elle ne voyait aucun détail qui viendrait briser cette attirance démesurée qu’elle ressent. elle aimait ses mains presque gracieuses par la manière délicate dont il en use en dépit de ses phalanges marquées par des cicatrices. elle le dévisage un peu trop, surtout maintenant qu’il est face à lui, à l’étroit. elle n’a pas d’autres choix. faux. elle pourrait regarder ailleurs, contempler les gouttes de pluie tomber tel un rideau d’eau, mais pourquoi s’évader alors que son attention pouvait se porter sur ce beau minois. elle l’interroge finalement. elle veut en savoir plus, découvrir qui il est et comprendre ce qui l’intrigue autant chez lui pour qu’elle cherche à lui prendre quelques minutes de son temps. ses joues virèrent vers le pourpre lorsque le garçon se permit une taquinerie. il la trouvait jolie. c’était tout ce qu’elle avait retenu et cela suffisait à l’intimidé encore plus. pourtant ses iris bleus continuaient de le fixer, en quête d’autres informations. il lui parle de ses films. ses lèvres s’arrondissent, admirative de sa passion. elle se souvient maintenant de cette longue discussion sur ses projets cinématographiques à la soirée. elle trouve ça dingue, la gamine, elle voudrait presque le voir faire. « ÇA A L’AIR SUPER CHOUETTE, TU VEUX DEVENIR PRODUCTEUR ? SCÉNARISTE ? POURQUOI UN COUP DE CHANCE OU UN COUP DE POUCE DU DESTIN ? QU’ENTENDS-TU PAR LÀ ? » elle pose un milliard de questions, la môme est intriguée et veut en savoir davantage. ce loup solitaire avait donc une famille. en le voyant ainsi, sa clope au bec, elle était d’un coup persuadée qu’il était un grand-frère au top. « T’AS UN PETIT FRÈRE ? UNE PETITE SOEUR ? » toujours aussi curieuse mais parce qu’ils n’avaient pas discuté de tout ça la dernière fois. maintenant qu’ils étaient au calme elle pouvait porter toute son attention sur les informations qu’il partageait avec elle. comme si, elle était privilégiée. c’est finalement à son tour de répondre aux questions. elle soupire légèrement, n’appréciant pas particulièrement de parler d’elle, car finalement, elle avait l’impression de ne rien avoir à dire. elle avait une passion, elle aussi mais c’était il y a cinq ans. « PLUS OU MOINS, JE SUIS EN DEUXIÈME ANNÉE DE CRIMINOLOGIE. » elle ne sait pas si elle doit en dire plus, elle a l’impression qu’elle ne lui en donne pas assez par rapport à lui.

il pourrait se perdre dans le bleu océan de ses rétines, dans le poudré de ses lèvres, le porcelaine de sa peau. kaz, il trace chacun des contours de son visage à l'encre de ses yeux, les gravant inconsciemment dans sa mémoire. parce qu'elle a cette beauté particulière, josie. cette chose en plus qui l'attire sans qu'il ne sache pourquoi. parce qu'elle est à l'opposé des femmes qu'il a jusqu'ici connu, qu'il ne s'intéresse depuis bien longtemps plus qu'à celle qu'il ne saurait blesser. mais c'est plus fort que lui, de se laisser porter par cette connexion qu'il ne saurait repousser. kaz, il la toise avec ce léger sourire amusé, la cigarette périodiquement portée à ses lèvres alors qu'elle enchaîne les questions. c'est sa curiosité qui l'amuse tant, cette façon qu'elle a de débiter sans vraiment s'arrêter. et même s'il n'aime pas s'épancher, s'il refuse généralement de parler de son passé, il conçoit de lui donner un peu de matière pour qu'elle apprenne à le connaître. je t'avoue que je sais pas trop encore. je suis bien trop habitué à tout faire moi même.. mais réalisateur sans doute, ça se rapprocherait plus de ce qui me branche le plus dans le cinéma. mais je suis du genre à porter plusieurs casquettes. c'est qu'il s'est pas encore penché sur le sujet, pas réellement prêt à délaisser tout le reste du métier. il a du mal à se faire à l'idée qu'il ne pourra plus tout diriger de a à z sans avoir quelqu'un à ses côtés qui risquerait de tout modifier. c'est un solitaire, kaz, qui a appris à tout faire par lui même, qui a été contraint de ne compter que sur lui même. alors il a du mal à déléguer, à se laisser porter, supporter. tout comme il peine à se confier. tu dois t'douter que j'ai pas vraiment les moyens de me payer une scolarité à columbia et disons que... j'étais pas le plus appliqué en cours donc les bourses accordés aux bons étudiants c'était pas pour moi non plus. c'est clairement pas son meilleur profil qu'il lui dépeint, pas ses plus beaux atouts qu'il met en avant. mais il est honnête, kaz, et jamais il n'irait mentir pour se faire une bonne publicité. on m'a inscris à un concours et c'est mon court métrage qui a remporté la première place et une bourse d'étude en prime. je suis pas là souvent, je fais que la cinémato, mais je fais c'que j'aime et ça a pas de prix. kaz, il a conscience que c'est le moment fatidique qui a chamboulé sa vie, pour le mieux. parce qu'il n'aurait jamais osé espérer pouvoir un jour faire des études et encore moins dans ce domaine si particulier. il le sait que c'est un milieu fermé, prisé, où seuls les meilleurs sauront percer. mais il garde espoir, kaz, même s'il est loin d'avoir les contacts qu'il faut pour voir sa popularité s'envoler. il garde espoir parce qu'il se dit que le destin ne lui aurait pas accordé cette chance s'il n'était pas voué à réaliser de grandes choses. il garde espoir, parce qu'il a besoin de mettre sa famille à l'abris du soucis, de gagner sa vie d'une toute autre manière que ce merdier dans lequel il s'est embourbé. pour sa mère, pour sa soeur. pour lui même, aussi. pour un jour, peut-être espérer se sentir assez méritant pour former sa propre famille. une petite soeur, oui. t'es fille unique ? kaz, il l'imagine dernière ou seule enfant de sa fratrie, petite fille choyée, sans nécessairement avoir été pourrie gâtée. parce que josie, elle est cette forme de fragilité qu'on ne prête pas aux aînés, cette douceur particulière qui ne correspond pas à la férocité des gamins du milieu. et peut-être qu'il se trompe, peut-être qu'il a du mal à lire en elle comme il le fait si bien avec les autres. parce qu'elle vient le surprendre, josie, avec son choix d'études. c'est une doucereuse claque qu'il se prend en pleine tronche lorsqu'elle lui parle de criminologie. kaz, y a un voile qui passe devant ses yeux l'espace d'une microseconde, un froncement de sourcils à peine perceptible qui se forme en réflexe de ses pensées. c'est que ça le frappe immédiatement, cette réalité, les probables raisons qui l'ont poussé à prendre cette voie. kaz, il en a presque envie de la prendre dans ses bras, de la soutenir pour ce qu'elle a traversé, mais il n'en a pas le droit, pas la connaissance officielle. alors il se contente de creuser, doucement, légèrement, de poser des questions le plus finement possible. c'est.. pas courant comme domaine d'études. une raison en particulier ? je veux dire, faut vraiment avoir une vocation pour faire un métier dans la criminologie, non ? et c'est comme s'il refusait de se dire qu'elle pourrait se mettre en danger. kaz, il ne sait pas réellement d'où ce sentiment lui vient, mais depuis qu'ils se sont rencontrés il a comme ce besoin de la sentir protégée. josie, douce josie, qui a trop subi pour souffrir à nouveau. et kaz, ça le bute de savoir qu'elle a été marqué par ces horreurs au point d'en faire son choix de carrière, comme une vendetta, une façon de prendre sa revanche sur la vie. et il perçoit son malaise, sa restriction. josie, elle pose beaucoup de questions, mais donne si peu de réponse que c'en est évident. toi non plus t'aimes pas trop parler de toi, c'est ça ? il comprend kaz, parce qu'en plus d'être comme elle à ne pas se livrer facilement, il sait qu'elle a vécu des évènements qui bouleverse la confiance que l'on peut avoir aux autres. et s'il lui pose la question, lui fait la réflexion, ce n'est pas tant pour la brusquer, mais pour lui signifier qu'elle n'est pas obligée de s'épancher.

elle sent son regard posé sur elle. ses yeux inquisiteurs qui admirent chaque détail de sa personne. ma profondeur avec laquelle il exerçait cette analyse, la déstabilisait. josie n’était pas habituée qu’on la regarde ainsi. il n’y avait que de la douceur. sujette d’une contemplation inattendue, elle fait la même, josie. avec le même regard, la même intensité, elle explore chaque coin de son corps, chaque trait de son visage. une douceur angélique abîmée par ce regard épuisé par la vie qui appelle à être sauvé. la balade continue jusqu’au sommet de son nez en trompette que josie aurait presque envie de toucher de la pulpe de ses doigts. il a presque l’air d’un enfant. une candeur appuyée par ces lèvres rosées et cette absence de barbe volontairement rasée. mais ces mâchoires légèrement carrées rappellent cette virilité certaine. kaz était un très bel homme. de ceux qui font chavirer le coeur de nombreuses filles. mais aussi de ceux qui les brise. josie, elle ne voulait pas le mettre dans cette catégorie. elle ne le connaissait pas assez pour se le permettre et surtout, pas un seul instant elle ne le pensait. non kaz était un garçon unique aux relents de liberté, il était plutôt de ces hommes solitaires qui agissent indépendamment de tout. capable de s’affranchir de ces jugements sociaux et vivant juste pour lui. josie enviait la force qui se dégageait du garçon. elle était belle et attirante. elle avait visé juste josie quand elle disait qu’il était un loup solitaire. elle l’écoute attentivement parler de cette passion qui l’anime et qui pourtant le perd dans cette vision individuelle qui se fait de lui. mais elle le comprends, josie c’est la première à refaire les travaux de ses camarades pour que le travail final ressemble à ce qu’elle avait imaginé. sa langue se délie et josie se surprend à le regarder d’une manière différente. sans cligner des yeux, elle lui sourit bêtement, parce que c’est tout ce qu’elle arrive à produire face à l’emballement de son myocarde. elle remarque sa mauvaise habitude de se dénigrer lorsqu’il parle de lui. pourtant josie, elle ne comprends pas, il devrait être fier de son travail. cette passion l’anime, son humilité le dévalorisait. « C’EST INCROYABLE POUR LA BOURSE D’ÉTUDE, TU DEVAIS ÊTRE CONTENT !? » josie, elle n’a jamais eu de soucis d’argent mais elle savait les frais de scolarité expansif. alors qu’il soit là grâce à son talent prouvait qu’il était une étoile en devenir. au moins, il n’était pas là par hasard. elle sourit encore parce qu’elle est heureuse qu’il s’ouvre à lui. la conversation se construit naturellement. l’évidence est là, quelque chose les liait. elle le sentait, josie et elle ne désirait qu’une chose, plonger dedans. les sensations étaient trop exquises pour qu’elle ne se laisse pas tenter. kaz a donc une petite soeur. elle savait d’ores et déjà que cette petite soeur était la plus chanceuse du monde. elle n’avait aucun doute là-dessous, kaz devait faire passer sa famille avant tout. « ELLE EN A DE LA CHANCE DE T’AVOIR... NON J’AI DEUX GRANDS FRÈRES. » peut-être que si elle avait été fille unique, elle aurait été retrouvée plus tôt. après tout, ils leur restaient encore deux enfants aux parents da silva. cette pensée l’horrifia. elle secoua légèrement la tête en fronçant les sourcils afin de rejeter cette idée néfaste de son esprit. kaz est surpris par sa réponse. il ne s’attendait pas à ce qu’elle fasse ce genre d’études. ça l’a fait presque rire. mais, il avait raison, elle était bien trop précieuse pour ce genre d’environnement. pourtant, elle en ressentait le besoin. bien que ses motivations étaient de nature vengeresse, la satisfaction que lui procurait ce domaine lui allait. de toute évidence, elle ne pourrait jamais oublier cet évènement. quatre ans d’une vie ce n’était pas une période que l’on pouvait oublier d’un coup. comme elle devait vivre avec ces souvenirs, ce domaine lui permettait d’extraire sa colère. il la déstabilise un peu avec ses questions. elle ne sait pas trop quoi répondre. « J’AIME BEAUCOUP ENQUÊTER. QUAND J’ÉTAIS PETITE ET QUE J’APERCEVAIS UN INSECTE MORT DANS LA MAISON JE MENAIS MON ENQUÊTE POUR CONNAÎTRE L’AUTEUR DE CE CRIME. » raconta-t-elle sur un ton léger. que sa réponse ne fut pas exactement la vérité, cette anecdote l’était. elle ne voulait tout simplement pas lui révéler les réelles raisons de ce choix. elle avait peur que ce regard agréable se transforme et que sa douceur devienne de la pitié. josie, elle ne se confiait pas beaucoup, en tout cas très rarement. et même lorsqu’elle avait confiance, elle n’était pas trop bavarde. parce que sa vie à elle n’avait rien à envier. elle n’avait pas envie de parler de cet évènement, de se rattacher à lui et de se définir par rapport à tout ce qu’il s’était passé. alors forcément c’était compliqué de parler de soi, de sa vie, car elle la reconstruisait petit à petit. elle est consciente de ne pas satisfaire la curiosité de tout le monde mais c’est qu’il n’y avait rien à raconter. « À CE RYTHME LÀ, NOS ÉCHANGES SERONT SILENCIEUX. » rigola-t-elle. pourtant, elle n’avait pas envie de tout ceci. la pluie continuait de tomber, les bloquant ainsi mais josie elle s’en fichait. elle se fichait de louper son rendez-vous d’après, car la proximité qu’elle partageait le garçon l’apaisait. « QUAND J’ÉTAIS PETITE, JE FAISAIS DE LA DANSE, ÉNORMÉMENT DE DANSE. J’ADORAIS ÇA, AVEC ALYA NOUS PASSIONS TOUT NOS WEEK-ENDS À NOUS ENTRAÎNER PEU IMPORTE CE QU’IL Y AVAIT AUTOUR DE NOUS. » elle s’était laissée à quelques confidences, guidée par les souvenirs d’une époque oubliée. « IL NOUS ARRIVAIT PARFOIS DE DANSER AU MILIEU DES ORAGES... » cette insouciance lui manquait. elle le regarde alors, ses yeux à fleur de tête plongé dans ses rétines : « POURQUOI MOI KAZ ? » pourquoi s’attardait-il avec elle, alors qu’ils étaient aux antipodes de ce monde. pourquoi était-il venu lui parler à cette soirée, alors qu’il y avait d’autres filles tout aussi intéressantes. pourquoi elle ? l’intérêt qu’ils se portaient mutuellement attisait la curiosité de la gamine. pourquoi elle ? mais dans ces cas-là, pourquoi lui ?

josie, elle a le pouvoir insoupçonné de délier ses lèvres en un simple regard. avec elle, il oublie un peu cette difficulté qu'il a de parler de sa personne, s'ouvre sans véritablement la connaître. parce que même s'il a cette sensation de la discerner tout comme elle a cette faculté de percevoir ce qu'il est, ce n'est officiellement que la seconde fois que leurs chemins se sont croisés. kaz, le mystérieux se fait plus bavard qu'il ne l'a jamais été, se laisse porter par le flux de la conversation sans se brusquer de la moindre de ses questions. sans doute parce qu'en répondant aux siennes il a l'espoir d'en apprendre d'avantage sur elle. de ce désir de mettre une être sur ce visage qui le hante malgré lui depuis des mois. mais malgré loquacité éphémère, kaz n'en reste pas moins l'homme réservé qu'il a toujours été. si ses traits paraissent durs, peu vigoureux, c'est parce qu'il s'est construit cette coquille à l'épreuve des balles de la vie. et il n'y a que le scintillement dans le fond de son regard, ce demi-sourire sournois, qui, parfois, parviennent à trahir l'étincelle de son âme. je le suis, vraiment. parce qu'il l'est, kaz, heureux de cette opportunité qui lui a été offert sans qu'il n'ose y croire. cette bourse est venue changer le cours de sa vie, lui donnant ce tournent qu'il est prêt à saisir pour se sortir de sa spirale infernale. celle qu'on lui a collé à la peau à sa naissance, la caricature d'un milieu social que peu défendent et qui restera à jamais défavorisé. disons que je suis simplement pas très.. expressif. même si c'est souvent me regard qui me trahi. ce regard qu'il pose sur elle et qui aspire l'essence de ses prunelles. ce regard qu'on décrit souvent comme envoûtant et qui vous transperce la poitrine. il en a conscience, kaz, que son charisme repose dans sa façon de croquer les femmes d'une simple œillade prononcée. que la seule façon qu'il a trouvé de s'exprimer est au travers de ces regards qu'il aime poser, décomposer, sur les visages et les corps qui nourrissent son attrait. cette attirance à laquelle il pose des limites, celles de son coeur qui n'ouvre qu'à ses proches. comme à sa petite soeur pour laquelle il nourrit un amour incommensurable. première femme de sa vie, elle a très vite détrôner sa mère à cette place si chère. elle me le rend bien. c'est un adorable petit monstre, mais aussi une boulle d'amour. il ne sait pas kaz, comment josie parvient à lui faire prononcer tout ça, comment elle arrive à lui faire dire ce qu'il garde généralement enfoui. parce qu'il ne parle que très rarement de lui, mais encore plus de sa famille qu'il protège des regards indiscrets. sa famille, son trésor, ses reines pour lesquelles il serait prêt à remuer ciel et terre pour leur apporter ce qu'elles méritent. la dernière de ta fratrie et seule fille.. tu dois être du genre sur-protégée, non ? une supposition de sa propre tendance à protégée la sienne, il imagine kaz, spécule sans en savoir grand-chose finalement. parce que tout fratrie est unique et que si elle lui a annoncé avoir deux frères rien ne dit qu'ils soient proches. mais kaz ne peut s'empêcher d'avoir cette image précieuse de josie. de la visualiser comme cette frêle silhouette à la beauté fanée par les années de souffrance. ce corps aussi robuste qu'à la fragilité de la porcelaine qu'il lui semblerait possible de la briser en une caresse appuyée avant de la voir se reconstituer. c'est ce qu'elle est à ses yeux, josie, un phoenix. parce qu'elle n'a rien de celle qu'il a trouvé dans cette chambre si ce n'est cette lueur fébrile dans le fond de la rétine. alors qu'elle lui annonce son domaine d'études ne peut que le surprendre à moitié, quand il connaît les potentiels raisons qui l'ont poussé à faire ce choix de métier. et lorsqu'il lui demande pourquoi il sait qu'elle ne lui donne pas toute la vérité. kaz, il a bon espoir que tout ce qu'elle lui raconte ne sont pas que fabulations, qu'elle continue de se livrer avec sincérité. mais, même si elle l'ignore, lui sait que ce n'est là qu'une part de la vérité. il comprend pourquoi elle garde son jardin secret, comme lui l'a souvent fait. il comprend parce qu'il se doute que la gravité de son passé ne peut être dévoilée sous la pluie au milieu d'une allée. alors il l'écoute sans trop rien dire, le sourire à demi-dessiné sur ses pulpeuses qui s'étirent puis se referme parfois sur sa cicatrice bientôt totalement consumée. son regard ne quitte pas le sien, son encéphale grave dans ses souvenirs ces détails de sa vie qu'elle lui offre, note cette alya dont il ne connaît désormais que le prénom. et kaz, il aurait pu rester comme ça pendant des heures, à l'écouter s'animer autour de son passé. à regarder ses lèvres remuer au fur et à mesure de son récit. mais c'est sans compter cette question sortie de nul part, cette bombe qu'elle laisse retomber au milieu de la conversation. il bloque, kaz, peine à assimiler la signification de ses mots. mais la façon qu'elle a de le regard, la manière dont ses prunelles viennent plonger sur lui, suffisent à lui faire comprendre le court de sa pensée. et pourquoi pas ? une question en réponse d'une autre question, c'est un tour qu'il maîtrise avec brio, cette façon de détourner les mots pour ne pas avoir à en dévoiler de trop. kaz, il aurait bien une raison à lui donner, mais ni lui ni elle n'est encore prêts à l'écouter. j'aime bien ce que tu dégages et parler avec toi me semble plutôt facile, c'est suffisant non ? sourcil arqué, c'est sa dernière bouffée qu'il prend de sa cigarette avant de la jeter, les pupilles toujours fixées sur ce visage qu'il a, depuis plusieurs minutes déjà, dans son esprit complètement imprimé.